Rencontre avec la nouvelle génération de designers textiles belges
4 noms à retenir dans le monde du design textile belge.À la frontière entre l’art et le design, une nouvelle génération de créatrices envisage le textile comme un média majeur. Designers textiles belges, Emma, Laure, Anaëlle et Kim créent aussi bien des pièces uniques que du linge de maison et des tapis qui habillent et colorent nos intérieurs.
Emma Terweduwe – La tactile
Emma Terweduwe affectionne particulièrement les couleurs et les textures. Diplômée en design textile à l’Académie Royale des Beaux-Arts (KASK) de Gand, elle a travaillé un an à Copenhague. Elle est ensuite revenue en Belgique où elle a lancé son studio de design en 2020. Influencée par l’artisanat ancien, elle se passionne pour le tissage jacquard. “Le tissage est un magnifique métier où les possibilités sont infinies. J’aime jongler avec les textures et les structures. Le tissage jacquard est le langage idéal pour m’exprimer”, explique-t- elle. La collaboration avec des maîtres artisans de notre pays est aussi primordiale. “C’est un moyen de créer une pièce textile de la plus haute qualité. Il permet également de préserver et d’honorer notre héritage belge de l’artisanat et des traditions textiles”, poursuit-elle.
Des créations naturelles et durables
Luxueuses et expressives, graphiques et colorées, ses créations combinent des matériaux naturels et durables. “Mon approche est délibérément lente et réfléchie. J’applique des outils numériques à des processus analogiques, sans compromettre les caractéristiques d’un objet fait à la main. Tous les matériaux que j’utilise sont d’origine locale ou récupérés à partir d’un stock oublié.”
Quant aux couleurs, elles font indéniablement partie de sa philosophie. L’artiste capture les combinaisons de teintes au quotidien, étudie la façon dont elles interagissent. Elle croit ainsi au pouvoir des couleurs: “Elles donnent vie et ajoutent de la tactilité à mes tapis et tapisseries. Ces dernières, généralement, présentent deux faces: l’une graphique et l’autre plus organique. Chacune expriment ainsi un type de tactilité différent, ce qui laisse le choix de la manière dont on veut les exposer.
2. Laure Kasiers – La manuelle
Designer textile de formation, Laure Kasiers a toujours été fascinée par les procédés de fabrication. Elle s’est éloignée du métier à tisser de l’école suite à la naissance de son fils. Toutefois, son travail de fin d’étude qui consistait à réaliser des tapis à partir de chutes de passementerie la pousse à développer une autre façon de créer. La voici face aux prémices de sa future technique qui lui vaudra sa réussite! Depuis 2007, c’est au sein de son atelier bruxellois que Laure fabrique à la main des tapis sur mesure. Ceux-ci sont destinés à habiller autant les sols que les murs. Accompagnée de deux machines, elle développe une technique qui lui est propre: artisanale, alternative et non conventionnelle. Ses tapis ne sont ni tissés, ni tricotés, ni tuftés, mais issus d’un travail manuel de longue haleine, de gestes posés sur l’aléatoire.
Des créations organiques et singulières
De la liberté des formes et motifs qui naissent naturellement, surgissent alors des créations organiques et singulières, un imaginaire qui rappelle la nature, comme un organisme infiniment petit ou une vue aérienne de la terre. “Je m’inspire de la nature, des phénomènes qui créent des dessins naturellement, que ce soit le vol d’un groupe d’oiseaux, la structure d’une roche ou l’usure sur les matières. Mes motifs préférés sont ceux qui se créent seuls, aléatoirement, et c’est cet aspect ‘vivant’ que j’essaye de retranscrire”, explique-t-elle. Adepte du slow design, le processus se déroule de A à Z dans sa manufacture: du choix des matières, comme le lin et la laine provenant d’usines belges, à la partie mécanique pour fabriquer les rubans et la création manuelle. L’élan créatif allié à la technique originale et les possibilités infinies de la matière, font l’exclusivité des tapis de Laure Kasiers.
3. Anaëlle Renault – L’exploratrice
Basée dans la capitale belge, Anaëlle Renault est une designer textile d’origine française, également membre du collectif bruxellois Macocoï, réunissant sept experts de la profession. Elle est diplômée depuis 2017 d’une formation en design textile à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Aujourd’hui, Anaëlle est chef d’atelier de la section Création Textile de l’Académie des Arts de Woluwe-Saint-Pierre à Bruxelles. En plus, elle travaille sur ses propres créations depuis fin 2021. Fondé la même année, son studio se fait le reflet de son projet, centré sur la création et la fabrication de tapis contemporains: “C’était quelque chose que je travaillais déjà lors de ma formation. L’idée est de proposer de voir le tapis sous différentes formes et travailler ses différents aspects, facettes et typologies”, explique l’artiste.
Une collection toute en formes et lignes
Pour créer, Anaëlle recherche, expérimente, rassemble des matériaux tels que la laine, le coton et le fil de papier (provenant de Belgique, de France et d’Allemagne) et les sublime. Nouage, tissage ou encore tuftage, la designer affectionne l’exploration de chaque technique de fabrication de cet objet qu’est le tapis. Récemment, elle a dévoilé sa collection Formes et Lignes: “Cette collection consiste en une série limitée de cinq tapis tuftés à la main, centrés sur le travail du motif.” Inspirée pour cette collection de détails architecturaux et de collages photos, Anaëlle puise là ses idées en matière de formes, de motifs et de couleurs, au travers de jeux de matières et de textures.
4. Kim Vande Pitte – La graphique
Kim Vande Pitte, 34 ans, est née dans un univers créatif avec une mère évoluant dans le secteur du tapis et un père fabricant de meubles. Après des études en graphisme, elle se lance dans le design textile à l’école de La Cambre à Bruxelles. En 2012, elle fonde son propre label KVP. Son style se caractérise par des imprimés accrocheurs. “J’aime jouer avec les lignes, elles apportent de la complexité aux textiles. Je pars toujours d’une structure graphique, que je superpose ensuite en jouant avec des volumes supplémentaires et des ombres. Pour moi, l’imprimé joue un rôle déterminant dans un intérieur, car c’est un élément auquel on peut s’identifier. La couleur est également primordiale, elle donne une touche dynamique”, explique-t-elle.
Une production européenne avant tout
Kim aime travailler avec des matériaux naturels comme le coton et la laine mérinos. Elle ne jure que par une production aussi locale que possible. “Mon label est synonyme de slow design. Avec des matériaux de qualité qui garantissent la durabilité et la production à petite échelle. Bien que la création puisse être mondiale en termes de création et de gestion, je préfère une exécution exclusivement européenne. Je mets ainsi l’accent sur des conditions de travail équitables. Par exemple, mes plaids sont tissés en Allemagne, le fil vient d’Italie, et je travaille occasionnellement avec un partenaire portugais.” Sa gamme comprend des housses de coussins, des tapis, du linge de table et des textiles d’extérieur. Ce sont donc des produits fonctionnels et modulaires destinés à un usage quotidien. Son rêve? Réaliser une ligne 100 % belge.
Texte: Laurence De Looz-Corswarem, Mandy Kourkouliotis, Aurélie Schoonjans et Clothilde Van Brussel.
Suivez Déco Idées sur Facebook et Instagram pour ne rien rater des dernières tendances déco, astuces, adresses, DIY, infos lifestyle & food et bien plus encore.