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Rencontre avec 4 designers belges émergents et militants

Récupérer, recycler, détourner, les designers belges émergents sortent du cadre et imaginent de nouvelles alternatives à la création.
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Rencontre avec 4 designers belges émergents et militants © Charlotte de Bruijn

Récupérer, recycler, détourner, les designers belges émergents sortent du cadre et imaginent de nouvelles alternatives à la création. Si certains s’attèlent à donner une seconde vie aux objets devenus désuets, d’autres se tournent vers les matières durables et le circuit court pour une consommation respectueuse de notre planète et de notre santé. Rencontres.

1/ Brukseilas

Des objets inspirés de la capitale

Depuis 2020, Lies Van Ginderachter conçoit, sous le nom de Brukseilas, des objets design iconiques inspirés de Bruxelles. Elle allie divers talents : sa formation en décoration d’intérieur, son expérience en tant que styliste food dans le monde de la publicité et, bien sûr, son amour pour sa ville. “J’ai toujours adoré Bruxelles. J’y habite depuis dix ans maintenant. À la recherche d’une chouette forme graphique pour la décoration de mon appartement, je me suis arrêtée sur le pentagone, la forme du centre de Bruxelles. J’étais étonnée que personne ne s’en servait réellement”, explique-t- elle.

À gauche : Parmi les designers belges émergents et militants, on retrouve Lies Van Ginderachter, créatrice de Brukseilas. À droite : Sa création phare, la planche ‘Penta n°01’ en marbre. © Brukseilas

Aidée par son mari, elle se lance dans la création d’objets prenant la forme de la ville qui lui est chère. Naissent alors ‘Penta n°01’, un plateau en marbre décliné en plusieurs versions. On découvre aussi ‘Penta n°03’, une planche à découper en bois ou encore la série ‘Canal’, des vases en collaboration avec La Gadoue Atelier inspirés des abords dynamiques du canal de Bruxelles.

Sa création phare, la planche ‘Penta n°01’ en marbre. © Brukseilas

Bruxellois et eco-friendly

Bien sûr, Brukseilas est eco-friendly : “Tout est fait à Bruxelles. Sauf la production du marbre qui est à 75 kilomètres de la capitale. Le rouge belge est un marbre qui vient de la Carrière de Hautmont. Je réalise aussi une version à base de chutes de marbre. Quant à la planche à découper, elle est produite en bois de la Forêt de Soignes en collaboration avec Sonian Wood Coop.” Maman de deux jeunes enfants, Lies a une vie à 100 à l’heure. Elle rêve secrètement de prochainement sortir des assiettes et des bols en céramique dans la forme qui qualifie si bien sa marque. Affaire à suivre…

brukseilas.be

2/ Charlotte de Bruijn

Charlotte de Bruijn connaît les meubles de designer comme personne. Normal, vu qu’elle est responsable de nombreuses grandes marques au sein d’une agence de relations publiques. Mais après ses heures de travail, l’attachée de presse change de casquette. Elle se retire dans son studio et relooke des pièces vintage. C’est en 2014 que l’idée lui est venue : “Je recherchais des meubles sur 2ehands.be. J’en ai trouvé de très beaux, mais souvent très démodés. Je me suis dit qu’il devrait être possible, en les habillant différemment et en les mettant au goût du jour, de leur donner une seconde vie.”

À gauche : Charlotte de Bruijn. Spécialiste en relations publiques le jour. Relookeuse de mobilier vintage le soir. À droite : Un projet qui lui tient à cœur ? L’ensemble de fauteuils ‘Maralunga’ de Cassina. Des fauteuils qu’elle a habillés dans un tissu bouclé couleur crème pour un look plus contemporain. © Charlotte de Bruijn

Charlotte aime se laisser guider par son instinct. Parfois, il s’agit d’une pièce de design emblématique. Parfois c’est la forme ou le matériau de l’objet qui détermine son choix. Sa curiosité est attisée par des éléments atypiques. Elle aime passer de nombreuses heures sur des sites d’occasions en quête d’objets uniques.

© Charlotte de Bruijn

La circularité, un dessein 

Ses tissus de prédilection sont chauds et tactiles, comme le velours et le bouclé. Elle est très fière des fauteuils ‘Maralunga’ de Cassina. Des pièces qu’elle a retapissées dans un doux tissu bouclé blanc cassé et un velours rouge tomate intense. La circularité joue un grand rôle dans ses créations, comme dans le reste de sa vie. “Même si un matériau a été produit de manière tout ce qu’il y a de plus durable, s’il finit à la déchetterie après quelques années, cela ne résout pas le problème. L’idée que je puisse donner une nouvelle vie à quelque chose qui aurait pu être jeté me rend vraiment heureuse”, conclut-elle.

charlottedebruijn

3/ Vanessa Colignon

Renouant avec les fibres, Vanessa Colignon fait partie de la nouvelle vague de designers belges qui s’intéresse à la matière brute, la sublimant sans la transformer. Fondatrice du studio de recherche textile Design for Resilience, elle va encore plus loin, défendant une création en circuit court qui maîtrise tous les maillons de la chaîne. Transparence, matières sourcées, recherche et développement de chaque produit avant mise en vente… Forcément uniques, ses tissus sont inventés et produits en Belgique à base de chanvre et de lin. Avec une enfance passée au plus près de la nature, la designer carolorégienne de 33 ans a toujours placé l’écoresponsabilité au centre de ses préoccupations.

À gauche : Vanessa Colignon à la tête du studio Design for Resilience. À droite : Essuie-mains ‘Lina’ fabriqué en Belgique avec du fil de lin européen. Pour un nettoyage ou un séchage au naturel. Un nettoyage respectueux de notre santé et de celle de nos enfants. © Vanessa Colignon

Des matière textiles responsables 

Diplômée en stylisme et mode, elle s’est ensuite spécialisée dans la maille en suivant des cours du soir pour apprendre à tisser. Depuis, elle s’attèle à développer une ligne de linge de maison et de vêtements naturels et respectueux de l’environnement. Les fibres végétales qu’elle travaille sont recyclables, biodégradables et produites de manière éthique, sans déchet ni utilisation de plastique. Est-il nécessaire d’ajouter que ses textiles sont sans teinture afin de réduire au maximum leur empreinte environnementale? Aujourd’hui résidente au MAD Incubator, centre mode et design à Bruxelles, elle dispose d’un lieu où elle peut laisser éclater toute sa créativité. Dans le but de développer une approche globale, Vanessa donne aussi des formations pour apprendre à identifier correctement les matières textiles et à faire des choix responsables.

vanessacolignon.be

designforresilience.be

4/ Studio Minimètre

C’est lors de leurs études à La Cambre à Bruxelles, que Bastien et Bérénice se familiarisent avec l’impression 3D. La crise sanitaire s’imposant sans crier gare, les deux indi- vidus y voient l’occasion d’apporter leur aide en palliant à la pénurie de visières via les imprimantes 3D. Compte tenu de l’urgence, le binôme s’attelle au développement de machines performantes pour gagner en temps d’impres- sion, souplesse et légèreté. La rapidité d’impression et les multiples possibilités de transformation des machines de prototypage, les motivent à renforcer leur travail de recherche…

Bérénice de Salvatore et Bastien Chevrier. Le duo de designers belges qui se cache derrière le Studio Minimètre basé à Bruxelles. © Studio Minimètre

Des objets 3D issus de la nature

Ainsi, apparaît, en 2019, Minimètre. Un studio qui aujourd’hui conçoit des objets en trois dimensions à partir de matières biosourcées, telles que des coquilles de moules et du marc de café, et au moyen d’une buse d’impression d’un millimètre. Leur travail repose sur la recherche, la conception et la collaboration. À côté des artisans et designers avec lesquels il collabore afin de développer des outils et des objets tridimensionnels, le duo offre un service Maker, où professionnels et particuliers peuvent soumettre leur demande d’impression. Architectes, stylistes, artistes, tout le monde est séduit !

À gauche : Le vase Dune réalisé en coquilles d’huîtres. À droite : Les bougeoirs ‘Doros’ inspirés des colonnes grecques de style dorique. Des bougeoirs imprimés en 3D avec un filament issu de poussière de pierre de béton. © Studio Minimètre

Curieux de tester les limites de leurs imprimantes, Bastien et Bérénice expérimentent l’univers du 3D en dessinant des objets du quotidien. Bougeoirs, vases, des créations uniques qui apportent une autre dimension à notre décoration. La dernière nouvelle en date ? Studio Minimètre a intégré le MAD Incubator. L’ambition ? Pousser l’économie circulaire plus loin en développant leur matière première à partir de déchets… Affaire à suivre pour ces talentueux designers belges !

minimetre.shop

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