Rencontre avec Marianne Goebl, directrice de la marque de design Artek
Qui est Marianne Goebl? Quelle est l'histoire derrière Artek? On vous raconte.
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Artek
Le MAD Brussels, centre de la mode et du design, a lancé ses “Creative Lunch”. L’occasion de découvrir l’entreprise et la carrière de personnes créatives lors d’un déjeuner. Nous avons eu la chance d’y rencontrer Marianne Goebl, directrice générale de la société de design finlandaise Artek.
D’origine autrichienne, Marianne Goebl est une véritable globe-trotteuse. Après avoir terminé ses études, elle a travaillé entre autres en France, en Suisse et aux États-Unis. Aujourd’hui PDG d’Artek, elle nous explique l’évolution de l’ADN de la marque de design finlandaise.
Qu’est-ce que cela implique d’être à la tête d’une marque de design finlandaise?
C’est assez exceptionnel et en même temps très diversifié. En raison de leur histoire, les Finlandais ont un sentiment identitaire assez exacerbé et sont particulièrement fiers de leur artisanat. La raison en est simple: la Finlande a longtemps été dirigée par des pays comme la Suède et la Russie et elle n’a acquis son indépendance qu’en 1917. Ce pays est très révolutionnaire et novateur. J’en veux pour preuve, par exemple, son système éducatif. Artek est une entreprise relativement petite, mais en 2013, elle a été absorbée par Vitra, par conséquent il existe désormais de nombreuses synergies créatives. Mon rôle au sein d’Artek n’est pas tant d’amener le label dans une nouvelle direction, mais plutôt de travailler sur les piliers existants de la marque pour les faire évoluer.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces piliers?
Pour Artek, la nature et la durabilité sont très importantes. Bien sûr, il faut être honnête, notre label produit aussi des nouveautés chaque année. Mais nous sommes constamment à la recherche de solutions pour améliorer l’avenir. Artek s’appuie sur une charte rédigée en 1935 par les premiers fondateurs, Alvar et Aino Aalto, Maire Gullichsen et Nils-Gustav Hahl. Elle comporte trois piliers: l’art contemporain, la décoration intérieure et la publicité. Cette dernière n’est peut-être plus aussi essentielle, mais elle apparaît encore de manière subtile sur nos emballages, par exemple. On y retrouve des slogans tels que “One chair is enough” ou “Buy now, keep forever”.
Comment Artek s’organise-t-elle dans sa quête de la durabilité?
En tant que label, nous sommes très attachés à la consommation raisonnée. À chaque nouvelle création, nous nous posons la même question: comment fabriquer des objets sans nuire à notre environnement? Artek intègre depuis toujours les problématiques sociétales à toutes les étapes de la production. De la communication – nous sommes très transparents sur notre processus de fabrication vis-à-vis de nos consommateurs – à la réutilisation des mêmes composants dans différents produits. Aujourd’hui, nous nous concentrons également sur la manière de donner une seconde vie à nos créations. Par exemple, les clients d’Artek en Finlande peuvent faire retapisser les assises de leurs chaises. De cette façon, nous essayons de combiner l’esthétique et le circulaire. Actuellement, nous cherchons des solutions pour offrir ce même service à nos clients internationaux.
Quelle est l’histoire d’Artek?
Artek est la contraction des mots “art et technologie”. Les Aalto (le couple d’architectes qui a cofondé le label) ont voyagé dans le monde entier et ont constaté l’importance de rester connectés et ouverts. La philosophie d’Artek repose sur la sobriété et la créativité. Les produits, assez simples, ne suscitent pas un intérêt immédiat, mais se distinguent par de petits détails de fabrication qui font toute la différence. Si le facteur architectural est certes primordial, le label est également toujours à la recherche de moyens pour améliorer la qualité intrinsèque de ses produits.
Il y a une histoire derrière chaque article: nous voulons faire connaître l’identité finlandaise dans le monde entier, mais aussi ramener des influences internationales en Finlande. Enfin, les collaborations avec d’autres créatifs sont également importantes. Chaque collaboration débouche sur de nouvelles visions et de nouvelles idées. En collaboration avec les frères Bouroullec, Artek a conçu des produits dont les composants réapparaissent de différentes manières. La ‘Rope Chair’, avec ses accoudoirs et son dossier en corde, en est un bon exemple. La collaboration avec le designer Daniel Rybakken nous a donné une vision intéressante du design pour résoudre des problèmes: son ‘124° Mirror’ permet d’agrandir une pièce.
Comment Artek choisit-il ses partenaires pour une collaboration?
C’est une combinaison de stratégie de conception et d’intuition. Le designer partage-t-il nos valeurs? La collaboration est-elle envisageable en termes de production? Et enfin, il faut apprécier la personne. Il est impossible de collaborer avec quelqu’un si vous n’avez rien à partager en dehors du produit. Il faut des intérêts communs.
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