©
Qui est-elle? À 35 ans, cette jeune designer industriel de formation, diplômée de La Cambre, fait des clins d’œil au passé avec ses créations modernes, graphiques et souvent ludiques. Après ses études, Charlotte Lancelot s’est formée deux ans chez l’architecte et designer Alain Berteau avant de lancer son propre studio. Cette professeure de design en architecture d’intérieur à Saint-Luc à Bruxelles fait partie des designers de la marque espagnole Gan aux côtés de Patricia Urquiola et Nendo Oki Sato. Sa collaboration a commencé avec un tapis. Aujourd’hui, sa deuxième collection, “Silaï”, qui signifie “petits points” en hindi, apporte un vent d’air frais dans les intérieurs. Et cela ne s’arrête pas là. Deux nouvelles collections avec la société espagnole sont en cours de développement. Une aventure qui ne fait que commencer.
Comment la collaboration avec Gan a débuté?
Charlotte: En 2006, j’ai rencontré l’équipe de Gan au salon Satellite de Milan dédié aux jeunes architectes et étudiants en design industriel de moins de 35 ans. Deux ans plus tard, je les ai contacté et depuis, deux collections de tapis, de poufs et de coussins ont vu le jour: “Canevas” et “Silaï”. J’aime prendre le temps qu’il faut pour bien faire les choses. À côté de mon travail pour Gan, j’ai également développé des produits pour d’autres marques comme Koziol, Konstantin et Slawinki.
À qui s’adresse la collection “Silaï” ?
Charlotte: À tous ceux qui l’aiment, peu importe leur âge ou leur style! Les objets de la collection doivent procurer des émotions, il faut que l’on se sente bien dedans, qu’on ait envie de les toucher… Il n’y a pas spécialement de public visé, c’est plus une question de feeling.
Comment se déroule votre processus de création?
Charlotte: Tout est parti de feutres qui contenaient des pastilles pour protéger les pieds des chaises. J’ai récupéré les chutes car je voulais donner une seconde vie à cette jolie matière. J’ai placé les chutes côte à côte et pour les faire tenir, j’ai utilisé du fil et une aiguille. C’était le premier point de croix d’une longue série. Pour les couleurs et les motifs, je me suis inspirée des carreaux de ciment, car leurs formes et leurs couleurs restent belles, malgré le temps qui passe. Ensuite, j’ai assemblé des couleurs et des points de croix différents en m’inspirant du nombre d’or. J’aime beaucoup le fait que l’on puisse mixer les poufs et les coussins avec les tapis.
Où puisez-vous votre inspiration?
Charlotte: Je suis très curieuse. J’observe tout ce qui m’entoure, de la plus infime image attrapée au vol dans la rue à une tendance décryptée dans un salon. Je bouge beaucoup et je parcours toutes les foires dédiées à la décoration, au design, au textile… Je suis à la fois dans mon époque, même si je vais souvent puiser dans le passé et la tradition, comme avec le point de croix, qui me rappelle mon premier tricot avec ma grand-mère (rire). Il ne faut pas oublier le passé. Tout ce qui génère une émotion en moi est une source d’inspiration.
Votre mix préféré?
Charlotte: La laine et le bois. Ce sont deux matières vivantes et naturelles. Quand on les associe, on obtient quelque chose de doux et de très chaleureux. J’ai d’ailleurs dessiné les toutes premières tables en bois pour Gan. Je trouve qu’elles vont très bien avec le reste de la collection… en laine.
Votre envie du moment?
Charlotte: Je suis en train de créer une gamme de papiers peints, de textiles et de carreaux de ciment. J’ai aussi commencé des cours en ébénisterie et je dessine des bureaux et des paravents. Pour Gan, je suis en train de développer deux nouvelles collections. Et, avec une amie designer, on s’est offert une vitrine dans le centre de Bruxelles. Un petit endroit sympa, à la fois bureau et showroom, où nous pensons organiser des workshops de temps en temps.
