4 designers belges à suivre sans tarder
Portraits des jeunes talents qui n’ont pas fini de faire parler d’eux.Néo-artisans, designers industriels ou textile, menuisier ou céramistes, une nouvelle génération de créateurs s’approprie l’univers du design belge. Anne-Sophie, Jun, Joachim et Filip imaginent les objets qui meubleront les maisons de demain. Les noms de certains d’entre eux reviennent souvent, d’autres apparaissent discrètement… Portraits de 4 jeunes talents qui n’ont pas fini de faire parler d’eux.
Joachim Froment
CV Express
Date de naissance: 8 juin 1993
Objet fétiche: La collection ‘Natura Fossilium’ de Formafantasma
Matière de prédilection: la fibre de carbone
Couleur préférée: Pantone Orange C021
Un designer qui vous inspire: Issey Miyake
Finesse, légèreté et linéarité: trois caractéristiques qui font la particularité et la poésie des créations de ce jeune designer belge, basé à Copenhague.
Comment êtes-vous devenu designer?
Depuis toujours, je suis passionné de dessin. Toutes mes idées, mes concepts et même mes rêves sont projetés sur du papier. Cela s’est ensuite confirmé à travers mon choix d’étude: le design industriel à La Cambre. Après ce bachelier, j’ai été admis au Royal College of Art à Londres. C’était pour moi l’occasion unique de me spécialiser en design de produit. Suite à ces deux années, j’ai remporté plusieurs prix comme le Rado Star Prize décerné par Konstantin Grcic ainsi que le Bolia Design Award. Aujourd’hui, je suis designer à Copenhague pour plusieurs marques et créateurs comme Skibsted ID, Hay, Kibisi, Engelbrechts ou Biomega… et je produis également sous mon propre nom.
Pourriez-vous nous décrire votre nouvelle création?
La chaise 0.6 véhicule un sentiment d’immatérialité. Ses surfaces planes contrastent avec ses contours linéaires d’une extrême finesse. Dans ce projet, je tente de créer une symbiose entre aspect fonctionnel et émotionnel. C’est rendu possible par la combinaison d’un laminé de bois et de la fibre de carbone. Cette dernière est à la fois essentielle et noble car elle utilise une méthode de tissage unique, complexe et élégant.
Où trouvez-vous l’inspiration?
Dans la poésie, le wabi sabi, les voyages, l’art et les nouvelles technologies. Je suis toujours à la recherche de légèreté, d’une présence immatérielle et fantomatique.
Des projets à suivre?
Je serai exposé dès le mois d’octobre au Design Museum à Gand dans le cadre de l’exposition “Fibre-fixed” ainsi qu’à Shanghai pour un nouveau projet de véhicule électrique innovant.
Anne-Sophie Müller
CV express:
Date de naissance: 16 mars 1992
Objet fétiche: Mon carnet de recherche
Matière de prédilection: le textile
Couleur préférée: le bleu indigo
Un designer qui vous inspire: les frères Bouroullec
Diplômée de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles après un parcours d’études international, cette jeune Strasbourgeoise, designer textile et co-fondatrice du collectif textile Macocoï, questionne la matière au travers des couleurs et de la géométrie.
Parlez-nous de votre projet Géométrie variable.
Il s’agit d’une collection de parois textiles créées selon un système d’emboîtement. Comme un puzzle à grande échelle, mes surfaces sont conçues pour être construites et déconstruites à l’infini. Chaque module peut être à la fois créateur d’ouverture et élément connecteur de surfaces, invitant l’utilisateur à faire preuve de créativité au sein de son espace de vie avec une véritable expérience sensorielle à la clé.
Comment se déroule le processus de création de matière?
Mon approche est expérimentale, les matériaux et les contraintes techniques guident intuitivement ma recherche. Je me sers de la découpe laser et du contre-collage afin de donner de la tenue à ma matière. Dans le but d’optimiser mes ressources et de générer un minimum de chutes, mes modules sont issus d’un système de formes et de contre-formes où les éléments s’imbriquent parfaitement les uns dans les autres.
Quels sont les enjeux actuels du textile contemporain?
Aujourd’hui, le textile contemporain est en pleine mutation car ses enjeux ne sont plus seulement esthétiques et fonctionnels: il est questionné par de nouveaux enjeux sociétaux liés aux problématiques environnementales et aux avancées technologiques. Les savoir-faire traditionnels se réinventent grâce aux pratiques numériques, ouvrant sans cesse aux designers de nouvelles perspectives.
Vos projets futurs?
Je souhaite poursuivre mon implication au sein du collectif Macocoï et développer mon projet Géométrie Variable afin de pouvoir un jour l’industrialiser et le distribuer.
Jun Gobron
CV Express
Date de naissance: 3 septembre 1982
Objet fétiche: Le tabouret ‘Butterfly’ de Sori Yanagi pour Vitra
Matière de prédilection: le bois
Couleur préférée: les nuances de bleu foncé
Un designer qui t’inspire: Isamu Noguchi
Né en Namibie d’un papa belge et d’une maman japonaise, cet architecte d’intérieur bruxellois est aussi un designer sans frontière. Luminaires, chaises, série de mobilier conçue pour un hôtel… Son tour du monde ne fait que commencer!
Comment êtes-vous devenu designer?
Diplômé en sciences économiques à l’ULB, je ne me sentais pas épanoui dans mon travail… Mon côté artistique et créatif m’a poussé à entamer des études en architecture d’intérieur à Saint-Luc à Bruxelles à 26 ans. J’ai eu l’occasion de faire un échange Erasmus à Montréal au Canada. À la fin du cursus, j’ai tout de suite été engagé à l’endroit où j’avais effectué mon stage de dernière année. Il y a trois ans, j’ai rencontré Michel Penneman et j’ai intégré son bureau d’architecture. J’y cumule les fonctions d’architecte d’intérieur et de designer d’objets et de mobilier dans le cadre de nos divers projets.
Quelle est votre spécialité?
Le design de mobilier, une réflexion plus technique qui mixe la créativité et la rigueur. J’aime beaucoup travailler le bois, un matériau naturel, accessible et vivant. Les divers types de placage et les nœuds apparents dans le bois donnent un côté unique au mobilier. Et pour l’éclairage, revisiter les abat-jour est une bonne manière d’apporter une lumière plus chaude sans exploser le budget.
Où trouvez-vous l’inspiration?
Dans mon quotidien! Une visite au musée, une émission à la télévision, un détail d’architecture, une voiture automobile des années 80, d’anciennes estampes japonaises… L’inspiration est partout autour de moi. Mes origines asiatiques et le style scandinave influencent également mes créations qui sont simples et sobres.
Des lieux publics qui portent votre signature?
Avec le bureau de Michel Penneman, nous avons aménagé l’hôtel Yadoya et l’auberge Sleep U Well à Bruxelles pour lesquels j’ai dessiné le mobilier sur mesure et ajouté quelques-unes de mes propres créations de luminaires. Des projets à suivre? Pour l’instant, nous avons beaucoup de projets privés en Belgique et sur Paris.
Filip Verbraken
CV Express
Date de naissance: 21 juillet 1987
Objet fétiche: Un mouchoir en tissu à l’ancienne, j’en ai toujours un sur moi
Matériau favori: Le bois et en particulier le noyer français, une espèce noble
Couleur préférée: Le bleu marine
Un créateur qui vous inspire: L’architecte Peter Zumthor, pour ses créations intemporelles et son approche écologique tout sauf caricaturale
Pureté formelle et amour pour le produit qui connaît tous les secrets de la nature. Nostalgie contemporaine, avec le bois, une géométrie intemporelle et la simplicité comme mot d’ordre: découvrez le travail de ce créateur de meubles bruxellois aux racines limbourgeoises, Filip Verbraken.
Comment tout a commencé pour vous?
Enfant déjà, j’adorais construire des choses: une fois que c’était fait, je m’en désintéressais et c’est mon frère qui jouait avec ce que j’avais fabriqué. J’ai étudié l’architecture à Louvain et fait mon master à Zurich, où je suis tombé amoureux du style suisse, épuré et collectif. J’ai aussi effectué des stages à Cologne, Vienne et New York. Je suis un créateur indépendant et je travaille depuis trois ans sur mes propres projets.
Toutes ces cultures ont-elles eu une influence sur votre travail?
J’ai effectivement appris quelque chose partout où je suis passé. En Suisse, ils s’intéressent beaucoup aux détails et à Vienne, j’ai travaillé pour un célèbre architecte qui s’occupait de projets spéciaux. Avec lui, j’ai appris jusqu’où on peut aller en architecture dans les domaines de l’échelle et de l’imagination. En Europe, le savoir-faire est mis en avant, mais aux États-Unis, ils maîtrisent toutes les ficelles pour créer une belle histoire autour d’un projet. Les deux aspects sont importants.
Qu’est-ce qui vous inspire?
Tout. Je n’aime pas me restreindre à un seul secteur, j’observe aussi la manière dont d’autres domaines construisent un univers et communiquent à ce sujet. Ainsi, le styliste Dries Van Noten est aussi un exemple pour moi. Comment décririez-vous votre style? Je ne cherche pas vraiment à cultiver un style spécifique, mais il y a tout de même une certaine constance dans ce que je fais. Mes projets ne sont pas ce qu’on appelle des aimants à regards qui exigent toute l’attention, ils sont plutôt sobres et raffinés. Par ailleurs, je trouve très intéressant d’aller extrêmement loin avec un unique matériau. La structure du bois me fascine à tel point que je m’efforce de le présenter sous son jour le plus beau.
Quelle est votre philosophie du design?
Objet, vêtement, meuble, c’est toujours la même: une création est le support des valeurs de son créateur. Pour moi, ce sont la simplicité, la durabilité et l’intemporalité. Je trouve ça fantastique de parvenir à accoucher d’un moment poétique lorsque le client entre en contact avec l’objet fini.
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